Printemps 2014

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samedi 15 septembre 2007

«Quand le mur devient infranchissable»

Nathalie et Benoît sont jeunes, ils sont amoureux et décident d'emménager ensemble. Quand leur vie professionnelle est bien engagée, ils décident enfin de mettre en oeuvre leur plus grand projet, celui de faire ensemble un enfant. Mais voilà que la nature en décide autrement et que, mois après mois, la déception est au rendez-vous. En peine, se demandant ce qui ne va pas après plus d'une année d'essais infructueux, ils vont consulter.

Après plusieurs consultations avec des médecins, le couple s'oriente vers une clinique de fertilité. Les traitements sont très pénibles, surtout pour Nathalie qui doit ingurgiter quantité de médicaments et s'administrer des injections deux fois par jour. Rien de vraiment romantique dans la fécondation in vitro. Tout est si loin de leur rêve de concevoir leur enfant dans l'intimité. Après encore des mois d'espoirs et d'échecs, des milliers de dollars d'investissement et du peu d'aide financière des gouvernements, Nathalie et Benoît se rendent à l'évidence et décident d'arrêter cet acharnement qui ne leur apporte que de la tristesse, de l'angoisse, des problèmes de santé et aucun résultat tangible.
Ils entrouvent alors la porte de l'adoption. Ils s'informent tout d'abord des possibilités au Québec. Les 10 longues années d'attente pour un bébé en adoption régulière (celui d'une jeune maman qui désire confier son nouveau-né à l'adoption) les découragent. Ils entendent alors parler du programme québécois de la Banque mixte avec lequel ils pourraient recevoir chez-eux, un enfant à grand risque d'être abandonné. Dans ce programme, les parents Banque mixte agissent comme une famille d'accueil auprès d'un enfant dont les parents de naissance ont encore des droits de visite. C'est une situation très ambiguë, très inconfortable et douloureuse car d'un côté, les parents biologiques veulent conserver tous leurs droits envers leur enfant et de l'autre, la famille aimerait garder le bébé auquel elle s'attache de plus en plus. L'enfant placé au centre de ce dilemme ressent lui aussi profondément ces déchirements. Les visites des services sociaux à la maison, les nombreuses procédures d'appel des parents de naissance, la démarche d'admissibilité à l'adoption, le temps indéterminé avant de pouvoir être certain de garder l'enfant découragent bon nombre de bonnes volontés et l'adoption au Québec devient un «non merci» pour la majorité des adoptants.
L'étape suivante, c'est l'adoption dans un pays étranger. Les adoptants ont en tête les reportages nous montrant ces milliers d'enfants sans parents, des enfants abandonnés à cause de la misère, parce qu'ils sont nés hors mariage, parce que leur mère est décédée à la naissance, parce qu'en Chine les familles n'ont droit qu'à un seul enfant, etc. Nathalie et Benoît poursuivent leur réflexion en dévorant toutes les informations disponibles sur l'adoption internationale : livres, sites internet, forums de discussion, associations de parents, etc. Le monde leur semble ouvert mais ils constatent rapidement qu'ils ne peuvent pas adopter dans le pays de leur choix, qu'ils doivent procéder via un organisme agréé en adoption internationale. Seuls dix pays sont actuellement ouverts.
Puisant encore une fois dans leurs réserves d'énergie, les adoptants étudients les nombreuses conditions d'adoption exigées par les pays : l'âge, l'obligation d'être mariés et le nombre d'années de mariage requis, l'obligation ou non de se déplacer dans le pays et la durée du séjour. Enfin, le coût approximatif du projet. Où aller? Comment choisir un organisme (pour la Chine, il y a 3 organismes acrédités)? Dans combien de temps seront-ils enfin parents?
En même temps que les difficultés pour les adoptants augmentent, les enfants de leur côté attendent plus longtemps dans les orphelinats avant d'être confiés à des familles. Il faut considérer que le temps pour un enfant est un facteur important; plus il demeurera en orphelinat, plus ce sera long à récupérer, plus ce sera difficile pour lui, plus il risquera d'avoir développé des problèmes de santé et d'attachement.
Pourquoi est-ce si compliqué pour Nathalie et Benoît de poursuivre la chaîne de la vie? Leur rêve le plus cher est de donner une famille à un enfant qui n'en a pas. Leur désir le plus profond c'est d'accompagner un enfant dans la vie, de lui donner une chance d'accéder à un avenir prometteur. C'est aussi vouloir créer une famille et s'enrichir mutuellement. Pourquoi les difficultés augmentent-elles, alors que tout devrait être mis en oeuvre pour faciliter et accélérer les démarches? Si on diminuait le stress chez les adoptants ces derniers pourraient être plus disponibles pour accueillir les petits êtres de plus en plus blessés qu'on leur confie.
Il faudrait diminuer les obstables aux familles, comme promouvoir l'adoption interne, favoriser l'ouverture de nouveaux pays, mieux gérer les listes d'attente pour ne pas donner de faux espoirs, apporter plus de support en post-adoption, apporter plus d'aide financière pour les frais reliés à l'adoption et permettre le même congé parental aux parents adoptants.
Du côté des enfants, tous devraient travailler pour accélérer les procédures pour l'admissibilité à l'adoption et qu'ils ne laissent pas les enfants attendre des mois et des années dans les orphelinats ou dans les familles d'accueil.
Nathalie et Benoît ne vous laissez pas abattre. Rien, ni personne ne doit vous empêcher de réaliser votre rêve le plus cher. Persévérez, gardez en tête qu'un enfant est là quelque part spécialement pour vous. Lui aussi trouve le temps très long. Il vous attend! C'est la petite lumière qui luit au bout de ce long tunnel.
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Inspiré de l'éditorial de Claire-Marie Gagnon, journal La Cigogne, Printemps 2007.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Finalement ça ressemble en gros à votre histoire, mais que de raisons pour vouloir un enfant, quand la seule et unique est l'amour débordante que nous puissions avoir envers ce petit être qui est notre enfant. Je suis de tout coeur avec vous deux et je vous embrasse fort.

Stef xxxxxxxxxxxxxxxxxx